Avec pour seul compagnon son cheval Jolly Jumper, « l’homme qui tire plus vite que son ombre » fait régner l’ordre et la justice dans un Far-West de fantaisie mille fois plus vrai que le vrai.
Poursuivant les terribles frères Dalton ou croisant la route de divers personnages historiques, Lucky Luke nous fait découvrir dans la bonne humeur les dessous de la conquête de l’Ouest.
Mon avis :
Cela fait maintenant des années que je n’ai pas lu un album de Lucky Luke et je dois bien vous avouer que ce 44ème tome propose un personne bien différent de ce que j’avais en mémoire. Alors pourquoi me suis-je à nouveau plongé dans cette série dans un ouvrage aussi tardif ? Tout simplement parce que je me lancé dans le projet onéreux de réunir tous les albums de l’univers de Lucky Luke par l’intermédiaire des éditions Hachette qui propose de découvrir deux bandes dessinées par mois pour un total de 100 numéros différents.
Alors que j’ai déjà tenté l’aventure d’une collection au numéro (pour abandonner après la réception de tous les cadeaux 🤣), c’est la première fois que je tombe sur un livre d’une aussi grande qualité (voir ci-dessus) et qui propose 8 pages supplémentaires qui apportent des précisions sur la réalisation de l’album lu.
Dès la première planche, on prend conscience du ton donné à cet album même s’il l’on s’amuse également à découvrir les traits très particuliers du professeur Otto VonHimbeergeist assez proches du célèbre acteur Emil Jannings pour répondre au souhait de Morris de trouver un gros homme, chauve, avec une couronne de cheveux blancs et une barbiche.
Goscinny s’éloigne du ton burlesque des épisodes précédents en signant un récit plus amer, moins gaguesque, probablement plus désenchanté. Il souligne ici que le monde du Far West peut être appréhendé comme une société où celui qui est du bon côté du pistolet a forcément raison, dépeignant un univers à peine civilisé où des cow-boys incultes et des desperados font la loi. Si le scénariste évoque la psychanalyse avec distanciation, voire sous un angle plutôt sarcastique, il permet à son complice Morris de composer les planches, certes dominées par les dialogues et les échanges verbaux, mais où son sens magistral de la composition fait mouche vignette après vignette.
La Guérison des Dalton est probablement l’un des albums les plus étonnants du duo Morris-Goscinny qui, s’en le savoir, collaborait pour la dernière fois ensemble. En effet, Goscinny décédera moins de deux ans plus tard et laisse derrière lui une icône que l’on n’a pas l’habitude de connaître sous cet angle.
Les points positifs
- Une bande dessinée mature où les dialogues sont nombreux et permettent d’apporter de la richesse dans une BD jeunesse.
- Le sujet abordé. Les criminels sont-ils malades et peuvent-ils être guéris ?
- Les dessins sont très simples mais sont très représentatifs de la réalité. Grâce à une utilisation parfaite des couleurs, on parvient à ressentir les émotions des personnages.
- Nombreux traits d’humour tant directs que subtils.
Le point négatif
- Rantanplan. Je le trouve bien plus idiot que dans mes souvenirs.
Ma note pour cette lecture : 20/20
Je m’en veux intérieurement de ne pas avoir prêté attention à cette bande dessinée ces 25 dernières années au point d’être passé à côté d’une bande dessinée jeunesse où le dialogue prime sur les dessins (eux aussi très bien réalisés).
Cela change de toutes les bandes dessinées sur le marché actuellement qui me semblent dès lors si « simple ». Lucky Luke, ce sont 46 pages bien remplies où l’on passe une petite heure à accompagner les célèbres Dalton et qui a demandé des mois de travail. N’est-ce pas mieux que les BD de 32 pages qui, malgré des dessins exceptionnels réalisés sur un écran en un temps record, se lisent en quinze minutes ?