Zélie & le 6e continent – Sabine Hautefeuille

Rencontre à Mon’s Livre :

Avant de me rencontrer au salon du livre de Mons (Belgique), je connaissais déjà Sabine Hautefeuille grâce à ces albums présents dans mon précédent établissement scolaire où les enseignantes des tout-petits de notre école spécialisée les utilisaient pour sensibiliser les enfants, leur apprendre à déchiffrer les codes d’un album, …

Je suis passé devant son stand, en compagnie de mes deux filles et l’accueil fut assez glacial … A l’instar d’une marchande de poissons, l’auteure m’a présenté son album platement et en laissant totalement de côté de ma fille de 5 ans qui n’aurait jamais osé poser la main dessus après ce regard dissuasif …

Pourquoi m’harponner de la sorte si ce n’est pas pour me convaincre d’acheter son livre pour ma fille ? Trop jeune ? Peur de voir son livre « abimé » ? Ou bien parce que mon badge de blogueur était bien en évidence ?

S’enchaîne alors une petite conversation de quelques mots où le monsieur que l’accompagnait faisait le « tampon », un peu comme un garde du corps qui fait office de relais entre un servant et son seigneur. J’ai eu cette mauvaise impression que cet homme était un rempart (très cordial et à l’écoute du jeune public) qui fermait tout possibilité de discussion avec Madame Hautefeuille.

Combien existe-t-il de continents ?

A l’école primaire, on m’a appris que le monde était subdivisé en 6 continents :

• Europe
• Asie
• Afrique
• Antartique
• Amérique
• Océanie (mon préféré 😃 )

Dans le cas où l’on considère le continent américain en deux « morceaux » (Nord et Sud), certains scientifiques parlent de 7 continents.

Pourquoi donc utiliser le terme « 6ème continent » dans cet album pour désigner cette « terre » dans l’océan Pacifique et constituée de millions de tonnes de déchets en plastique ? Est-ce une erreur de l’auteure ? Ou plutôt de son « grand âge » ?

Pour tout le respect que j’ai pour les personnes qui sont restées braquées sur leurs apprentissages d’il y a de nombreuses années (les vieux diront certains), je trouve dommage qu’un livre pour enfant puisse proposer des informations erronées !!!

MAIS …

Certains diront que certains théories, encore actuelles, parlent d’un monde à 5 continents (Europe et Asie = Eurasie), voire à 4 continents (Afrique et Europe + Asie = Afro-Eurasie) et l’on peut même descendre jusque 3 (Afrique + Europe + Asie + Océanie = Afro-Eurasie et Océanie) !!! Quelles que soient ces propositions, ce ne sont pas celles que nous suivons depuis plus d’un siècle … La statue de la liberté en est le parfait exemple, les sept branches de sa couronne représentant les 7 continents et océans …

Mon avis :

Ce que personne ne pourra reprocher à cet album, c’est la qualité des illustrations tant par les couleurs, la légèreté des traits mais surtout pour ces nombreuses images « subliminales » qui sont « cachées » dans le décor.

Même c’est parfaitement maitrisé, j’ai quelques réticences personnelles d’albums qui dissocient totalement le texte et l’image. Sabine Hautefeuille permet d’atténuer cet effet de page blanche en introduisant quelques dessins en noir en blanc et qui apporte un plus à ce texte qui ne parvient pas à se faire une place malgré l’utilisation d’astuces (centrer le texte) qui ne fonctionne pas vraiment.

L’intrigue est relativement basique et l’on ne comprend pas forcément comment l’auteur parviendrait à convaincre un enfant (dès 7 ans) qu’il est important de préserver notre planète et qu’il existe ce que l’on appelle un 6ème 7ème ou 8ème continent tant la surface des déchets plastiques est immense.

Surtout que ce territoire tristement célèbre est situé à des années lumières de ce qui vivent les enfants au quotidien qui, dès l’école maternelle apprend à trier ses déchets. Et lorsque l’on sait que plus de 90% du plastique en Atlantique provient des pays adjacents, je me suis sincèrement posé la question de savoir si, au delà de savoir qu’il existe, l’on va pouvoir tirer autre chose de cet album de jeunesse.

Il me semble, en effet, qu’il s’agit avant tout d’une question d’éducation et d’état d’esprit. Ma fille de deux ans, depuis ses 18 mois, prend son lange sale pour aller le jeter elle-même à la poubelle tandis ma grand grande fille de cinq ans surveille ses parents afin de savoir si les déchets sont jetés dans la bonne poubelle.

Le message véhiculé par Zélie est trop « faible » pour que cela ait une réelle incidence sur le comportement de chacun et encore moins au niveau de la collectivité. Et c’est d’ailleurs assez paradoxal et choquant quand on remarque la qualité de cet album de jeunesse.

Le papier utilisé est très épais, très agréable au toucher MAIS est composé d’une couche impressionnante d’une matière plastique qui donne un effet des plus réussis. A quel prix ? Où est imprimé cet album ? Le papier est-il recyclé ou recyclable ? … ? C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité.

 

Les points positifs

• Un message important à transmettre (malgré une mauvaise exploitation).
• Les illustrations.

Les points négatifs

• Le titre transmet des informations erronées.
• Intrigue précipitée ou nombre de pages trop restreints.
• Les fausses informations contrastent négativement avec le message que l’on veut faire passer. L’enseignant que je suis râle beaucoup quand un livre se sert de faits erronés pour sensibiliser l’enfant. (Une baleine qui transportent des tortues dans un panier ?!?!?!?!)
• Un manque de cohérence entre le message véhiculé et l’utilisation de matériaux qui vont à l’encontre de ce dernier.

Ma note pour cette lecture : 5/20