Synopsis :
Mars 2004, Dimitri est un jeune homme qui a fui la Yougoslavie dans sa jeunesse et qui doit retourner au Kosovo pour participer à l’enterrement de son père avec qui il était resté en mauvais termes.
A travers un périple dans l’ex-Yougoslavie Dimitri est rapidement plongé dans l’enfer balkanique d’après-guerre. Lors de son voyage il rencontre Milan, un vieux serbe truculent à la langue acérée, qui lui raconte sa version des guerres yougoslaves.
A chaque récit Dimitri se replonge dans son enfance et se souvient des moments passés avec son meilleur ami, Kledi, un jeune Albanais. Dimitri se souvient également de la montée des tensions entre communautés au Kosovo et de la relation compliquée avec son père.
Après plusieurs embûches Dimitri se rapproche enfin de son but mais se retrouve piégé en plein milieu des émeutes de 2004 dans un Kosovo à feu et à sang.
Timide et romantique Dimitri doit prendre son courage en mains pour traverser une zone de guerre et atteindre son but. Soldats, tirs, révolte, espoir, haine, amour…
Bienvenue au Kosovo
Mon avis :
Cette illustration représente parfaitement la problématique du Kosovo. Pour des raisons qui me paraissent, du haut de mes 32 ans, absurdes et incompréhensibles, je me rends compte, après la lecture de cette BD, que je me suis moi-même « amusé » de cette guerre du Kosovo que l’on assimilait trop rapidement à une bête histoire de territoire, sans en comprendre réellement les aboutissements. Suis-je seulement capable de situer le Kosovo sur une carte ? Comment puis-je ne pas me rappeler des émeutes de 2004 alors que j’avais déjà 17 ans ? A l’instar de ces enfants qui jouent au premier plan, cette BD nous invite, ironiquement, dans un pays dont on ne connait finalement pas grand chose, un peu comme si nous avons été confronté à cette violence sans réellement en avoir conscience.
Nous suivons le périple d’un jeune homme qui souhaite rendre un dernier hommage à son père récemment disparu. Certainement pas par amour, probablement par une culpabilité qui l’on comprend au fil des pages et d’une façon à la fois subtile et brutale. Les illustrations sont bien plus évocatrices que le texte, souvent absent, et il faut un certain talent pour comprend le raisonnement voulu par les auteurs tant il est question d’un contenu implicite où les liens entre les idées ne sont pas toujours évidents. J’avais cette sensation d’être dans la peau du personnage ayant des difficultés à assumer une certaine lâcheté et donc incapable d’exprimer ses sentiments aussi facilement.
Les séquences du présent se mélangent à celles du passé, créant un certain flou sur le déroulement des événements. Toutefois, on prend un plaisir à construire l’histoire à son rythme avec une compréhension plus ou moins facilitée par une bonne culture générale.
Les illustrations sont d’une qualité exceptionnelle et nous immergent dans un environnement qui prend vie sous nos yeux. Les illustrateurs n’ont pas de secret pour le lecteur et ont ce talent unique de pouvoir représenter une scène simplement tout en restant le plus authentique possible. Personne n’a envie de regarder le dessin d’une jeune fille en train de se faire violer, mais on ne parvient pas à se décoller de cette horreur tant elle nous parait réelle et en train de se passer sous nos yeux.
Je ne vais pas vous mentir, sous prétexte d’avoir reçu cette BD gracieusement, mais il s’agit d’une lecture très difficile tant pour la compréhension des événements que par les scènes tragiques qui sont présentées dans cet ouvrage. Il faudra, dès lors, être capable de s’ouvrir à des événements qui nous dépassent afin de comprendre le message véhiculé par cette BD.
Les points positifs
- Le réalisme des illustrations.
- Le message final.
- Immersion totale à travers les yeux de cet héros malgré lui.
- Il s’agit d’un BD qui nécessite la complicité du lecteur pour en saisir tous les aboutissants.
Le point négatif
- La violence de certaines scènes.
Ma note pour cette lecture : 20/20
Habituellement peu habitué à lire une bande dessinée destinée à un public ciblé très restreint, Bienvenue au Kosovo fut une véritable claque pour le lecteur compulsif de récits destinés à la jeunesse que je suis. Habituellement, je prends plaisir à m’évader dans des mondes que j’aimerais tant connaitre. Cette BD m’a permis d’ouvrir les yeux sur certaines réalités de ce monde. Merci.