Le Petit Prince – Antoine de Saint-Exupéry et raconté par Agnès de Lestrade et Valéria Docampo

Auteur : Antoine de Saint-Exupéry (raconté par A. de Lestrade et V. Docampo)
Éditions : ‘Alice Jeunesse
Genre : Album de jeunesse
Année de publication : 2018
 

J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort.

J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours. Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé.

Elle disait : …  » S’il vous plaît… dessine-moi un mouton !  »
– Hein!
– Dessine-moi un mouton…
J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement.

Une réadaptation de ce grand classique, avec les rencontres les plus marquantes de ce petit prince extraordinaire : la rose dont il est amoureux, mais aussi le roi, le vaniteux, l’ivrogne, l’homme d’affaire, l’allumeur de réverbères, le géographe, le renard et bien sûr, le narrateur-aviateur Saint-Exupéry.

 

L’oeuvre originale :

Le Petit Prince possède la particularité de posséder plusieurs niveaux de lecture. Que l’on lise ce roman à 8 ans, puis à 15 ans et ensuite à l’âge adulte, vous n’en ressortez jamais deux fois avec la même impression et encore moins la même compréhension.

Et avant même d’ouvrir cet ouvrage, on en viendrait à se demander à qui il est réellement adressé. Le langage, la syntaxe, le vocabulaire utilisé et la ponctuation si simples nous poussent à croire que le public visé sont les enfants.

 

Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les 5 coquelicots

Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglot. La nuit était tombée.

Combien d’entre-vous ont compris que Le Petit Prince meurt à la fin ? Que cette mort est volontaire ? Qu’il prend rendez-vous avec le serpent pour se faire mordre ? Que son objectif est de quitter son enveloppe culturelle pour que son âme rentre chez lui ? Vous ne me croyez pas ?

Derrière ce texte simple et ces dessins très enfantins, Le Petit Prince nous adresse de nombreuses leçons de vie.

  • Réveiller sa créativité d’enfant

Mais toujours elle me répondait: ‘C’est un chapeau.’ Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable…

L’auteur nous fait bien comprendre que l’adulte ne possède plus son âme d’enfant, l’ empêchant de faire travailler leur imagination. L’âge nous pousse à garder les pieds sur terre sous peine d’être considéré comme le « loufoque » de la famille.

  • Ne soyons pas trop sérieux

Je les gère. Je les compte et je les recompte. C’est difficile. Mais je suis un homme sérieux!

  • Il faut « prendre le temps »

Quand j’entends le nombre de personnes qui se plaignent de « ne pas avoir le temps », mes poils s’hérissent immédiatement. Il faudrait peut-être penser à le « prendre », non ?

lors maintenant qu’elle fait un tour par minute, je n’ai plus une seconde de repos. J’allume et j’éteins une fois par minute!

  • Oser partir à l’aventure

Ce n’est pas le géographe qui va faire le compte des villes, des fleuves, des montagnes, des mers, des océans et des déserts. Le géographe est trop important pour flâner. Il ne quitte pas son bureau.

  • Un secret ?

Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

Mon avis sur l’album proposé par ‘Alice Jeunesse :

Cet album ne compte qu’une cinquantaine de pages, pauvres en texte contre 120 par la version originale. Malgré les craintes d’être confronté à un contenu restreint, on ne peut se réjouir des choix réalisés.

Il s’agit d’une version très épurée, mais qui permet de saisir l’importance du texte original. Cet album parvient à nous attrister, à nous remettre en question, mais surtout à nous émouvoir.

Les illustrations sont sublimes et illustrent parfaitement le texte choisi. Elles sont très atypiques et s’écartent totalement des dessins sommaires de Saint-Exupéry (qui n’hésitait pas à avouer son « manque de talent »…).

Un très bel ouvrage qui convient à tous les âges. Ma fille de 4 ans est subjuguée par les illustrations et semble envoûtée par les péripéties du Petit Prince, même si elle est encore loin de comprendre la portée finale du texte.

Les points positifs

  • On redécouvre Le Petit Prince autrement.
  • Le choix du texte est parfait. On n’aurait pas réussi à mieux choisir les extraits.
  • Illustrations épurées mais sublimes.

Ma note pour cette lecture : 20/20

Quelle merveilleuse idée de reprendre Le Petit Prince et d’en faire un album de cette qualité. Les illustrations permettent de mettre un sens sur les textes choisis et raviront les plus jeunes, et les moins jeunes.

 


3 réponses à « Le Petit Prince – Antoine de Saint-Exupéry et raconté par Agnès de Lestrade et Valéria Docampo »

  1. Avatar de ibonoco

    Excellente idée que cette version du Petit Prince. Il est toujours agréable de découvrir Saint-Exupéry ou de le redécouvrir.

    Aimé par 1 personne

  2. Avatar de Adlyn

    Cet album a l’air très beau, très doux, à l’image du texte qu’il reprend. Dommage qu’il soit succinct mais puisque les choix sont bien faits, ce peut être une bonne entrée en matière pour les plus réticents à lire l’œuvre de Saint-Exupéry.

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de Le Parfum des Mots

      A vrai dire, sans ma fille, je n’aurais pas fait le premier pas vers un tel album qui, pour moi, se « sert » du texte d’un autre pour vendre.

      Après quelques lectures, on se rend bien compte du souhait de vouloir rendre hommage à Saint-Exupéry en proposant aux plus jeunes d’aborder son oeuvre.

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