Auteur : John Green
Éditions : Gallimard Jeunesse
Genre : Jeunesse / Romance dramatique
Année de sortie : 2017

 Synopsis  :

Aza, seize ans, n’avait pas l’intention de tenter de résoudre l’énigme de ce milliardaire en fuite, Russell Pickett. Mais une récompense de cent mille dollars est en jeu, et sa Meilleure et Plus Intrépide Amie Daisy a très envie de mener l’enquête. Ensemble, elles vont traverser la petite distance et les grands écarts qui les séparent du fils de Russell Pickett : Davis.

Aza essaye d’être une bonne détective, une bonne amie, une bonne fille pour sa mère, une bonne élève, tout en étant prise dans la spirale vertigineuse de ses pensées obsessionnelles.

Aza, Daisy, Davis, trio improbable, trouvent en chemin d’autres mystères et d’autres vérités, celles de la résilience, de l’amour et de l’amitié indéfectible.

Avant-propos

Quand j’ai acheté ce roman, j’étais persuadé que le lire immédiatement aurait été une grave erreur. Je savais que j’allais être grandement déçu par une histoire sans saveur, sans réel contenu. Ma chronique aurait été désastreuse et probablement peu appréciée. En publiant maintenant, les fans de la première heure ne liront pas mon avis et c’est tant mieux. Je n’ai pas spécialement pour ambition d’être inondé par des lecteurs totalement subjectifs (même s’ils sont les bienvenus) qui s’attaqueront au chroniqueur plutôt qu’au contenu lui-même.

L’intention de l’auteur :

Quand je lis un roman, j’apprécie que l’auteur nous raconte une histoire tel qu’il l’écrirait pour lui-même. Comme s’il n’avait pas l’intention d’être lu par d’autres.

Or, dans Tortues à l’infini, l’auteur fait totalement l’inverse. Son ambition est bien marquée : il veut être lu par le plus grand nombre. Quoi de meilleur que l’histoire d’une jeune fille dérangée mentalement qui se lance dans une histoire d’amour impossible, le tout avec un vocabulaire très limité digne d’une deuxième année primaire ? Quoi de mieux qu’une histoire d’amour médiocre qui tourne autour de l’utilisation des réseaux sociaux, des smartphones ?

J’ai vraiment l’impression d’être dans un « Chair de poule », qualité médiocre mais appréciée des jeunes. L’important, c’est qu’ils lisent, non ?

L’intrigue

Simple, basique, répétitive, sans saveur, … Les dénominations négatives peuvent quasiment toutes être citées. Voici un résumé grossier.

Aza, jeune adolescente, possède des troubles psychologiques importants. Elle s’imagine de ne pas être vraiment au contrôle de son corps et que les millions de bactérie nécessaires à sa survie vont la tuer très prochainement. Elle rencontre un jeune garçon, en tombe amoureuse. Commence alors un amour impossible.

400 pages. 395 pages à devoir supporter les lamentations perpétuelles de l’héroïne, son désespoir, ses doutes sur les possibilités d’une liaison amoureuse (80 millions de bactéries échangées à vie lors d’un baiser, vous vous rendez compte ???).

Le dénouement final est catastrophique. L’objectif est simple à comprendre : apitoyer le lecteur pour qu’il s’attache à Aza. Une fois que l’on pousse un peu, la déception est inévitable.

Le dernier chapitre permet à l’auteur d’éviter de proposer une véritable fin. Il se dédouane de nombreuses pages supplémentaires pour un scénario qui tient la parole. Il a malheureusement fait le choix de nous pondre une fin ouverte très ouverte, trop ouverte.

Les personnages

Ils sont quatre.

  • Aza, troubles psychologiques important. L’auteur nous permet de mieux comprendre le travail des psychologues : jamais rien de concret, que des discussions stériles. Espérons que cela reste de la fiction.
  • Daisy, la meilleure amie de Daisy qui écrit des histoires sur le net autour de Star Wars (Génial, Chewbaca se marie avec Rey !!! Super intéressant).
  • Davis, fils d’un milliardaire disparu pour échapper au fisc, qui tombe amoureux de cette voisine spéciale qui préfère ingérer du gel antibactérien que de l’embrasser.
  • Noah, le seul personnage vraiment intéressant. Il s’agit du petit frère de Davis (tuteur légal) qui nous permet d’aborder des sentiments forts et qui interpellent directement le lecteur. Malheureusement, l’auteur ne fait que survoler ce personnage et ne s’en soucie pas le moins du monde.

Nous sommes totalement dans les mauvais clichés des adolescents de l’ère moderne. Accros aux écrans, à la découverte de l’amour, en désaccord avec les parents, hors de la réalité, … Etant enseignant dans 8 classes différentes d’enfants âgés de 6 à 14 ans et une centaine d’ados de 15 à 18 ans, on se rend compte à quel point les « croyances populaires » sont fausses.

L’identification est très compliquée. Ils ne donnent pas envie que l’on s’implique dans leur histoire personnelle. L’auteur va peut-être également trop loin dans l’intimité d’Aza. C’est relativement triste de mettre en avant les troubles psychologiques de cette dernière, surtout qu’aucune piste de « guérison » n’est proposée.

Le seul personnage qui en vaut la peine, Noah, est totalement délaissé. On le croise 4 ou 5 fois, à chaque fois en pleine détresse du départ précipité de son père (grand fraudeur). Et systématiquement, Aza le consone en trois phrases et on l’oublie jusqu’au prochain passage. Il m’aurait semblé plus judicieux de se centrer sur Noah (dont les problèmes sont très actuels) plutôt que sur des troubles psychiatriques qui ne cherchent qu’à émouvoir le lecteur.

Tuatara

Alors là, John Green touche carrément le fond. Il parvient, dans un roman sans aucun sens, sans le moindre objectif, à nous pondre une histoire de lézard qui fera de nous des êtres « immortels » !!! Le Tuatara est un animal qui possède la faculté de régénérer très rapidement ses cellules, augmentant son espérance de vie (150 ans). L’auteur a trouvé utile que la fortune du milliardaire disparu soit restitué, à sa mort légale, à son lézard plutôt qu’à ses enfants.

Je veux bien admettre qu’il s’agit d’un geste exceptionnel, qui permettrait de faire des progrès dans la recherche médicale. Mais sérieusement, qu’est-ce que cela vient faire dans ce roman ? Encore un moyen de faire pleurer les chaumières ? Un bon moyen de voguer sur l’affaire Johnny Hallyday où l’homme semble préférer la bête à ses enfants ? (Excusez moi chère Laeticia).

Le point positif ?

  • Pas besoin de vous faire un dessin…aucun.
Les point négatifs (principaux)
  • Une intrigue qui ne sert strictement à rien.
  • Un roman à pognon.
  • Une écriture très simple trop simple qui s’adapte à un marché bien précis, les jeunes.
  • Un roman écrit et corrigé pour plaire, aucune implication personnelle de l’auteur.
  • L’objet livre. Encore une preuve flagrante d’appâter les jeunes lecteurs. Touchez donc cette couverture.

Ma note pour cette lecture : 0/20
 

Les points positifs de ce roman sont probablement nombreux aux yeux d’autres lecteurs. Ces derniers font probablement une grande différence entre « j’ai aimé le roman donc tout est bon » et une critique entièrement objective. 

John Green nous offre tout ce qui est à bannir dans la littérature. Un roman à la « Chair de poule » qui plait à des millions de lecteurs, le tout dans un style médiocre. Entrons-nous dans une ère post-Harry Potter où les auteurs comprennent qu’il faut s’adapter aux lecteurs plutôt que d’écrire avec le coeur ? Espérons que non…


8 réponses à « Tortues à l’infini – John Green »

  1. Avatar de Popcorn and Gibberish

    Wow elle est acide cette chronique ! Je n’ai jamais été attirée par les romans de John Green et c’est pas aujourd’hui que ça va commencer ^^.

    Par contre, à un moment donné tu as cité Marc Levy et je ne comprends pas trop ce qu’il fait là mdrr. Est-ce une erreur ?

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  2. Avatar de BooksOfShadow
    BooksOfShadow

    C’est drôle puisque les chroniques que j’ai lu jusqu’à maintenant sont toutes positives.

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  3. Avatar de Mélissa
    Mélissa

    Difficile de faire plus personnel et crédible que cette histoire étant donné que les maladies mentales d’Aza sont celles – et donc le reflet – de John Green, l’auteur du livre.
    Peut-être faudrait-il lire le livre jusqu’au bout pour ne pas affirmer de mensonges. 😉

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    1. Avatar de Le Parfum des Mots

      Peut-être faudrait-il lire la chronique correctement ;-). A bon entendeur. Salut.

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      1. Avatar de Mélissa
        Mélissa

        « Aza, troubles psychologiques important. L’auteur nous permet de mieux comprendre le travail des psychologues : jamais rien de concret, que des discussions stériles. Espérons que cela reste de la fiction. »
        « Un roman écrit et corrigé pour plaire, aucune implication personnelle de l’auteur. »
        => C’est ce qui est écrit dans votre chronique…

        Donc je réitère : « Difficile de faire plus personnel et crédible que cette histoire étant donné que les maladies mentales d’Aza sont celles – et donc le reflet – de John Green, l’auteur du livre. »

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      2. Avatar de Le Parfum des Mots

        Une fois encore, vous vous basez sur un passage bien précis de la chronique, pas de sa globalité.

        Vous n’avez pas la chance de connaître l’auteur, et vous prenez pour argent comptant les 3 lignes où il évoque s’être inspiré de son Vécu pour construire Aza.

        Pas de chance, la maladie mentale de John Green est très différente de l’héroïne ;-). Si vous souhaitez la connaître, un petit mail par respect de sa vie privée.

        Je réitère également. L’auteur écrit pour plaire, faire pleurer les chaumières et vendre un maximum de romans.

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  4. Avatar de Mélissa
    Mélissa

    Pas un passage bien précis : deux passages complets et une impression générale de votre chronique !

    Et pour information, John Green souffre bien de TOC, troubles obsessionnels compulsifs, une maladie psychique dont souffre aussi son héroïne Aza. Pas besoin de message privé pour protéger une information de sa vie privée qui est totalement publique (à moins que vous le connaissiez personnellement, que vous soyez de sa famille ou de ses amis).

    Pour dire, il a même mit des années à écrire ce roman de par le fait qu’il le touche personnellement. Il dit lui-même : « n’avoir jamais rien écrit de plus personnel ». Tout cela ne se base pas sur 3 lignes, mais sur de nombreuses interviews qu’il a accordé depuis des années, des lettres adressées à ses fans et des informations transmises par ses éditeurs, français ou originaux.
    Alors permettez moi de douter que tous ses documents, qui une fois recoupés donnent les mêmes informations et ce depuis des années, ne soient complètement faux et que je doute donc de la véracité d’une information « privée » d’un lecteur.

    Alors oui, je réitère : on ne peux écrire un roman à pognon ni moins personnel quand il s’agit de traiter aussi sincèrement et avec crédibilité d’une maladie psychique telle que les TOC dont on est personnellement atteint. Un peu de bon sens tout de même.

    Critiquer la forme est une chose, calomnier sur le fond dont l’implication et l’authenticité de l’auteur, ça s’appelle juste de l’aigreur personnelle (et en aucun cas une critique objective)

    PS : Votre avis sur ce blog n’étant d’ailleurs aucunement une critique puisque ce terme est déterminé – notamment et avant tout – par des règles à suivre, dont celle de justifier de façon personnelle (donc non objective) l’appréciation que l’on a d’une œuvre littéraire, par exemple.

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  5. Avatar de Minimouthlit

    Woah… Violente comme chronique 😋 bon, après chacun ses goûts hein, mais j’avoue ne pas être d’accord avec toi. Principalement en ce qui concerne l’identification. En réalité, John Green a voulu écrire un roman sur les Tocs, car il en souffre lui même beaucoup et, à mes yeux, il l’a fait avec brio ! J’ai, moi-même des tocs (que je contrôle désormais et heureusement pas aussi fort que l’héroïne ou John Green) et je me suis totalement retrouvée dans ces scènes où elle perd le contrôle. À côté de ça, pour l’écriture de niveau primaire, ça doit être du à la traduction. Je lis John Green en anglais depuis le début et il a une superbe écriture, très travaillée et poétique. Je ne sais pas ce qu’ils ont en fait en français, mais ce serait vraiment dommage s’ils n’ ont pas réussi à retranscrire toute sa musicalité. 😔
    Enfin, plaire au plus grand nombre, je crois que John Green n’en a plus trop besoin. Sa réputation n’est plus à faire et puis, les outsiders, c’est un peu sa marque de fabrique depuis le début. J’ai plus eu cette impression avec Love, Simon de Becky Albertalli que j’ai détesté et dont ma chronique se rapproche plus de la tienne de Tortues à l’infini 😋

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